19/01/2015

DMZ, une excursion à la frontière de la Corée-du-Nord

DMZ, une excursion à la frontière de la Corée-du-Nord

Je n’ai jamais visité la Corée-du-Nord, mais j’ai pu avoir un avant-goût en me rendant dans la zone coréenne démilitarisée (DMZ) depuis Séoul en 2014. Cette excursion se déroule sur une grosse demie-journée et permet d’en savoir plus sur cette bande séparant le Nord et le Sud de la Corée. Une balade très enrichissante et surtout interpellante.

 

Le trajet et l’arrivée en DMZ

La société organisatrice vient nous chercher à l’hôtel à bord de mini-bus puis nous sommes transférés dans un car de tourisme. Après environ 1h30 de route (le plus long étant de sortir de Séoul) la guide nous informe qu’il faut désormais ranger nos appareils photos et sortir nos passeports. Tout devient très stricte. Nous faisons la queue avec de nombreux autres cars dans l’attente d’un officier de l’armée sud-coréenne. Lorsqu’il monte à bord il inspecte les passeports de chaque passager et nous informe avec un air très sévère que désormais il est strictement interdit de sortir son appareil photo, et que nous entrons dans une zone sous contrôle de l’armée. Croyez-moi l’ambiance devient presque pesante. A sa descente du bus, la guide tente de détendre l’atmosphère en nous indiquant que les officiers montant à bord des cars sont choisis pour leur physique !

  DMZ Corée du Sud et du Nord (10)  

1er arrêt: le tunnel numéro trois

Nous nous trouvons dans la zone démilitarisée, c’est-à-dire la zone tampon partageant le Sud du Nord du pays d’une longueur de 248kms sur environ 4kms de large. La zone est minée, comme le rappelle les panneaux tout autour de nous, et surveillée par 700 000 soldats nord-coréens et 410 000 soldats sud-coréens. Le premier arrêt au sein de DMZ est le tunnel numéro trois.

Comme son nom l’indique c’est le troisième tunnel à avoir été découvert par l’armée. Il est possible de descendre à bord d’un funiculaire ou à pieds. Notre ticket n’incluant pas le train nous avons pris nos casques et commencé la descente. Afin de rejoindre le tunnel il faut marcher sur une longue pente aménagée. On remarque les visiteurs venant dans l’autre sens complètement essoufflés, et pour cause: ils viennent de gravir plus de 1,2kms en montée.

Lorsque l’on atteint le tunnel, changement d’ambiance: de l’eau coule le long des parois, on se tape la tête à de nombreux endroits (heureusement que j’ai pris un casque !) et il faut se suivre en file indienne sur presque 500 mètres. Claustrophobes s’abstenir ! Le clou de la visite c’est une petite grille qui nous laisse découvrir la suite du tunnel sous la Corée-du-Nord, car d’après ma déduction nous devons presque être en-dessous. La remontée fut plus dure que la descente ; et, entre le manque d’oxygène, l’oppression des lieux et la montée, je ne me sentais pas très bien. Quel bonheur de retrouver l’air frais.

A côté du tunnel se trouve un bâtiment racontant l’histoire des deux Corées et les anecdotes liées à cette zone. C’est ainsi que je prends connaissance de l’incident du peuplier, soit deux officiers américains tués par les soldats nord-coréens alors qu’ils tentaient de couper un arbre. D’après le guide du musée, cet incident diplomatique avait failli dégénéré en Guerre.

  DMZ Corée du Sud et du Nord (9) DMZ Corée du Sud et du Nord (8) DMZ Corée du Sud et du Nord (7)  

N’ayant pas le droit de prendre de photos dans le tunnel, j’ai récupéré celle-ci sur le site de l’office de tourisme. Assez oppressant n’est-ce pas ? Et il faut imaginer les lieux bondés par les visiteurs, qui peinent à se croiser…

  3ème tunnel Corée  

2ème arrêt: l’observatoire de Dora

C’est de cet endroit que l’on peut le mieux observer la Corée-du-Nord. Une ligne rouge au sol indique la zone autorisée pour les photos. Comme vous pouvez le constater, impossible de prendre en photo le paysage… juste le dos des gens qui le contemple. Plusieurs gardes veillent à faire respecter cette consigne. Alors que voit-on depuis cet observatoire ? Pas grand chose pour être honnête: la Corée-du-Nord avec paraît-il la ville de Kaeseong (mais il faisait trop gris ce jour-là), et surtout beaucoup de verdure…

La zone démilitarisée est un vrai sanctuaire pour les espères naturelles et les animaux. L’espace n’ayant connu aucun signe de vie humaine depuis des dizaines d’années, c’est la nature qui a repris ses droits, en faisant l’un des endroits les plus propices au monde au développement et à la conservation des espèces. Certains militent pour que cette bande de terre, attractive pour les scientifiques et les chercheurs, soit classée au patrimoine mondial de l’UNESCO: une petite lueur d’espoir…

  DMZ Corée du Sud et du Nord (6)  

3ème arrêt: la Station de Dorasan

Le moment le plus étrange de l’excursion: se retrouver dans une gare construite il y a des années et pourtant encore neuve ! A part quelques rares trains promenant les touristes, rien de plus. Et pour cause: elle a été érigée en prévision de la réunification des deux Corées… Nous avons le droit de nous promener librement dans le hall principal de la gare et de prendre des photos. Une partie toute entière est fermée au public et s’observe à travers les baies vitrées: il s’agit des comptoirs d’enregistrement, un peu comme dans un aéroport, et des portiques de sécurité.

Tout est neuf et la plupart des équipements sont encore dans leurs emballages en plastique. J’ai vraiment ressenti un sentiment étrange mais aussi de l’espoir: celui que cette gare serve un jour. Un peu plus loin se trouvent les portes d’accès aux quais, indiquant d’un côté Séoul et de l’autre Pyongyang. La visite de la gare s’arrête là. A proximité tous les équipements ont également été construits, comme les hangars pour le fret, et sont complètement neufs et déserts.

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Crédit photos: I love travelling. Ne pas utiliser sans autorisation.

 

Après cette dernière étape nous sommes remontés dans le bus et avons parcouru rapidement la zone démilitarisée. Nous avons traversé un village avec de belles maisons, le Unification Village. A priori il s’agit de paysans habitant dans la DMZ et revendant leurs produits en dehors. Le lendemain de cette excursion, les nouvelles nous ont appris que le jour de notre visite des tirs provenant du Nord avaient eu lieu et que les habitants de certaines îles à proximité de la frontière avaient du se confiner dans les bunkers…

 

Informations pratiques

* Il faut compter environ 40’000 KRW, soit environ 30 EUR pour l’excursion d’une demie-journée dans la DMZ au départ de Séoul. Plutôt que d’acheter l’option incluant le déjeuner, mieux vaut prévoir votre propre sandwich.

* Passeport obligatoire pour tous les tours.

* Certains tours (rares) incluent la visite de la Joint Security Area (JSA) et du pont de non-retour. Des expatriés m’ont parlé du tour organisé par l’Ambassade des États-Unis à réserver plusieurs jours à l’avance. Malheureusement je n’ai pas trouvé d’information sur le web semblant assez fiable. Le mieux serait donc de les contacter.

 

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Commentaires

2 commentaires

  • Ca a dû être assez spécial comme excursion…
    En tous cas, c’est le sentiment que j’ai après avoir lu cet article.
    Je ne pense pas que je ferai cette excursion un jour pour ma part. Par contre, je suis ravie d’avoir pu lire ton retour sur ton blog 🙂
    Merci !

    • Solène

      C’est effectivement assez spécial, mais très enrichissant aussi 🙂 Il faut être prêt psychologiquement par contre

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